Le Moulin Rouge fête ce mois-ci ses 134 ans. YourDay le Mag a profité de cet anniversaire pour aller à la rencontre d’Anthony Dars, le directeur de salle du restaurant du Moulin Rouge. Pour cet enfant de Montmartre, engagement, empathie, sixième sens, sont les clés d’un bon accueil.

YourDay le Mag : Vous êtes directeur adjoint du restaurant du Moulin Rouge depuis plus 20 ans. Combien accueillez-vous de convives par soir ?

Anthony Dars : Nous accueillons 1600 personnes par soir de plus de 100 nationalités différentes. Parmi ces dernières, nous avons plus de 50% de Français, et beaucoup d’Australiens, d’Américains, d’Anglais, d’Italiens, de Chinois..

Quel est votre secret pour accueillir des cultures si différentes lors d’une même soirée ?

A.D : Quel que soit la nationalité, la clé est de bien repérer et bien cerner les besoins du client. Ce dernier est de plus en plus exigeant et surtout très averti. C’est donc à nous d’anticiper, d’aller à la rencontre des personnes impatientes et de répondre à leurs besoins avant même qu’ils ne les manifeste. D’autant que, depuis le Covid, nous avons beaucoup plus d’individuels que de groupes. Ce qui multiplie les demandes particulières.

Faites-vous attention aux spécificités de chaque pays ?

A.D : Oui. Nous ne nous comportons pas de la même façon avec des japonais ou des américains. Avec ces derniers, nous serons, par exemple, plus expansifs et ouverts alors qu’il faudra être davantage en retenu avec nos clients japonais. Idem lorsque nos clients sont installés à table. Les Américains apprécient que le directeur du restaurant ou que le Chef se présente à la table des convives alors que les Français n’ont pas du tout cette exigence.

Quels sont les bons ingrédients d’un accueil réussi ?

A.D : L’anticipation, la réactivité, la sincérité sans oublier le sourire. Ce sont les premiers instants qui comptent. Nos clients doivent se sentir attendus et privilégiés. L’empathie est également un point clé d’un accueil parfait.

Quelles qualités exigez-vous de vos équipes?

A.D : Je leur demande d’être empathiques, de savoir regarder et de toujours écouter. Nous sommes dans un établissement exceptionnel. Les personnes qui franchissent nos portes ont un niveau d’attente hors norme et c’est à nous de leur offrir un moment d’exception.

Quelle est la première chose que vous devez transmettre ?

A.D : L’essentiel est de transmettre les valeurs de fête du Moulin Rouge. On vient ici pour passer une soirée d’exception. Et cela, quel que soit la nationalité. Il est impératif d’être sincère et de s’adapter aux us et coutumes. Ensuite, l’on doit faire en sorte que la table proposée convienne parfaitement.

Quelle est la tâche la plus difficile ?

A.D : Le placement est un point très sensible. Le client souhaite évidemment bien dîner mais il veut surtout être aux premières loges pour admirer le spectacle. Tous veulent avoir une prestation prestigieuse. Il nous faut donc en quelques minutes accueillir et créer un lien. Si le client a le sentiment d’être mal placé, toute sa soirée sera gâchée, quel que soit la qualité des mets proposés.

Comment vous y prenez-vous ?

A.D : Nous sommes de plus en plus nombreux à recevoir nos clients. Nos commis sont également devenus placeurs et accueillent au mieux nos convives. A chaque service au restaurant, nos 800 convives sont ainsi accueillis par 50 personnes.

Quels sont vos petits secrets pour que le convive passe un moment inoubliable ?

A.D : Un sourire, de l’anticipation et de l’observation. Cette proximité avec nos clients font que le Moulin Rouge continue de rayonner en France et à l’International.

Le Moulin Rouge souffle ses 134 bougies en octobre, que peut-on vous souhaiter ?

A.D : De continuer à faire rêver et de faire revenir les convives du monde entier.

Il arrive que vos clients reviennent ?

A.D : Oui, nous en avons même plusieurs et nous les reconnaissons. Un de nos clients canadien revient à chaque fois qu’il est de passage à Paris. Cette année, c’était sa 21ème fois au Moulin Rouge. Nous le laissons désormais choisir sa place à chaque fois qu’il revient. Nous avons également un jeune client de 15 ans, passionné du Moulin Rouge, qui revient dès qu’il le peut. Cela fait 134 ans que cette passion du Moulin Rouge existe, et cela ne changera pas.


Propos recueillis par Ava Eschwège