Alors que la transition écologique et énergétique préoccupe de plus en plus le monde de l’événementiel, marques et prestataires de la filière (agences, lieux, traiteurs, aménageurs d’espaces…etc.) doivent aussi mettre la main à la pâte. Bilan carbone, stratégie RSE ou encore directives européennes, mesurer son empreinte carbone n’est plus une option. Charles Pasquier, head of sales et marketing chez Climeet décrypte pour le Mag YourDay les enjeux de la réduction des émissions de gaz à effet de serre des événements et nous explique surtout comment y arriver.

Le sujet global de la RSE, en particulier les émissions carbone s’impose partout. Pourquoi est-ce si important de mettre en place une politique environnementale pour ses événements ?

Charles Pasquier : Il est crucial de se pencher sur les émissions carbone car dans le contexte actuel, tout le monde doit absolument prendre en compte cette notion d’urgence climatique. La nécessité d’une approche responsable en matière d’empreinte carbone lors de la conception et l’exécution d’un événement est indéniable. Chaque détail compte, et en adoptant des pratiques éco-responsables, nous façonnerons un avenir durable dans lequel se rencontrer et créer du lien au travers des événements restera possible.

Comment répondez-vous à cet enjeu chez Climeet ?

C.P : Climeet a été créé par et pour les professionnels de l’événementiel pour mesurer l’ensemble des catégories d’émission qui constituent l’empreinte carbone d’un événement et ainsi mieux la réduire. Nous souhaitons accompagner et soutenir toute la filière événementielle et permettre que celle-ci soit la première à respecter les accords de Paris. Nous ne nous contentons pas de mesurer l’empreinte carbone des événements, nous offrons aux entreprises les outils que leur permettent d’inscrire ces événements dans la durabilité. Notre solution tire ses facteurs d’émission de sources publiques et privées fiables (ADEME, BEIS, IEA, INIES…etc) et s’appuie sur la méthodologie de calcul exigée par l’ABC (Association pour la transition bas carbone). Nous sommes d’ailleurs actuellement dans une phase d’audit par ce dernier pour en recevoir l’agrément et la reconnaissance de conformité. En résumé, nous nous engageons à évaluer et analyser l’empreinte carbone de chaque événement, élevant ainsi la responsabilité environnementale des organisateurs d’événements à un niveau supérieur.

Concrètement comment évaluer, réduire ou compenser les émissions carbones quand on est dans l’événementiel ?

C.P : Climeet permet d’établir finement les émissions de GES des catégories qui composent l’empreinte événementielle (transports, énergie, aménagements, restauration, hébergement, déchets, éléments digitaux…etc) et ainsi déterminer, brique par brique, où les efforts de réduction auront le plus d’impact. En proposant des pistes de réduction adaptées, notre outil dépasse le simple rôle de calculette pour s’inscrire dans celui de solution à impact, accessible à tout niveau d’expertise, pour maitriser sa trajectoire bas carbone.

Par exemple ?

C.P : Les exemples sont nombreux. Pour n’en prendre que deux, si l’on se penche sur le coût carbone du transport, il est préférable d’opter pour un lieu d’événement facilement accessible en transports en commun ou de mettre en place un système de transport collectif idéalement le plus vert possible. Idem pour la partie traiteur, une restauration plutôt végétarienne et de saison sera à privilégier. Ce ne sont que des exemples mais ce qu’il faut retenir de cela c’est que la trajectoire bas carbone d’un événement peut se travailler sur l’ensemble de son cycle de vie, dès sa conception et jusqu’à la gestion des déchets post événement. L’idée est donc de collecter un maximum de données physiques* afin d’obtenir l’empreinte carbone granulaire de chaque catégorie. Il est essentiel de renseigner, même avec une donnée estimée ou manquant de précision, chaque élément constituant de l’empreinte pour connaitre à minima les ordres de grandeurs et surtout pour qu’à aucun moment celle-ci ne puisse être sous-estimée.

Où en est-on de la prise en compte de cet enjeu par les organisateurs d’événements ?

C.P : Nous avançons dans le bon sens. C’est certes un sujet récent mais avec une énorme dynamique portée par tout un écosystème. D’abord les acteurs de la filière à l’ADN engagée ou trouvant dans l’éco-responsabilité un positionnement différenciant. Puis par les entreprises pionnières sur les sujets RSE qui ont déjà établie une feuille de route et une stratégie environnementale ambitieuse. Enfin, la directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) vient également soutenir cette dynamique en contraignant les sociétés à de nouvelles obligations de publication extra-financière en y intégrant les éléments du scope 3. Depuis le 1er janvier 2024, les sociétés de plus de 250 salariés et générant 50 millions d’euros de CA sont concernées par cette directive (soit ~ 50 000 entreprises UE). Demain, c’est l’ensemble des entreprises qui devra intégrer cette démarche.

Y-a-t-il des secteurs plus en avance que d’autres ?

C.P : Les secteurs qui ont besoin de s’appuyer sur un marketing relationnel fort pour fidéliser leurs clients et créer une adhésion à leurs marques sur le long terme portent indéniablement cette démarche RSE avec en première ligne l’industrie du luxe suivi de près par le secteur bancassurance.

Lorsque l’on organise un événement et lorsque l’on s’inscrit dans une démarche de durabilité, est-il important d’engager également ses clients ou ses prestataires ?

C.P : L’engagement des parties prenantes est même essentiel. Lorsque l‘on consulte un traiteur, un aménageur d’espace, une entreprise de fret ou encore un lieu d’événement ou d’hébergement, il est important que l’empreinte carbone associée à leur prestation intègre leur proposition. Il en va de même du côté des participants à l’événement en les interrogeant dès l’inscription sur le moyen de transport principal utilisé et la distance moyenne associée. Climeet permet à ces parties prenantes de renseigner les informations qui permettront d’établir leur empreinte associée.

Qu’est-ce que la compensation carbone ?

C.P : Dans notre contexte d’empreinte carbone d’un événement, il y aura toujours des émissions dites résiduelles même avec une démarche d’excellence durable. Les entreprises ont la possibilité d’investir dans des projets de séquestration ou d’évitement de CO2e comme des projets de reforestation ou de développement d’énergie renouvelable. On parle alors de compensation ou contribution carbone. Notons que se lancer dans la compensation carbone n’a de sens qu’après une démarche préalable de mesure et de réduction de son impact.
Avez-vous quelques conseils pratiques à donner à une entreprise qui souhaiterait s’investir dans une politique environnementale ?

L’idée est d’avoir le réflexe de mesure et de réduction de son empreinte en se penchant sur la donnée physique et éviter le plus possible le tentant écueil de passer par la donnée budgétaire. Le meilleur exemple est celui de la prestation traiteur car un menu éco-responsable (par exemple végétarien) peut être à un tarif similaire ou supérieur à un menu carboné (par exemple viande rouge et produits exotiques) et pour autant bien plus bas carbone. Approcher le sujet par le budget ne permettrait alors pas de traduire la décarbonation du menu éco-conçu. Les nombreuses micro-actions de réduction réalisées n’altèreront pas l’expérience des participants à un événement mais auront un impact considérable : des mini burgers remplacés par des entrées végétariennes feront la différence.

C’est-à-dire que chaque geste compte ?

C.P : Oui, pour conserver l’adhésion des participants, chaque geste compte même ceux qui paraîtront insignifiants. Aujourd’hui la participation à un événement peut être déterminée par son approche éco-responsable.

Pour vous, qu’est-ce que bien accueillir ?

C.P : C’est tout simplement maintenir un niveau élevé d’expérience événementielle et tout faire pour ne pas la dénaturer tout en ayant conscience de l’impact que l’on a et que l’on peut facilement optimiser.