Coupe du monde de Rugby, JO 2024 et paralympiques, .. La France sera dans quelques mois le terrain de jeu de l’événementiel. Et l’occasion de mettre en avant notre sens de l’accueil. Reste à connaître les bons comportements à avoir vis-à-vis de nos invités internationaux et surtout ne pas les froisser. Valérie Servant, interculturaliste, partage les clés d’un accueil réussi à la rédaction YourDay Le Mag.
Comment définiriez vous l’inter culturalité ?
Valérie Servant : L’inter culturalité c’est la rencontre entre différentes cultures. Au-delà des langues et des apparences, c’est prendre conscience des points de convergence et de divergence afin de pouvoir les anticiper et éviter des maladresses relationnelles. Ces dernières peuvent au mieux mettre mal à l’aise, au pire engendrer des conflits. En somme, c’est une affaire de curiosité et de respect.
Y a-t-il tout de même des impératifs à connaître pour ne pas commettre d’impairs ?
V.S : Difficile de faire une liste d’impératifs. Les do to list peuvent s’avérer dangereuses car il est rare de se retrouver dans une situation binaire. Tout est affaire de bon sens. Il faut être curieux et s’intéresser à la culture que l’on accueille en amont. Cela sert évidemment à mieux comprendre les besoins et attentes de ses interlocuteurs. D’une façon générale , nous distinguons dans le monde deux types de cultures. Les cultures dites “individualistes” (dans lesquelles l’individu est plus important que le groupe) et les cultures dites “collectivistes” (dans lesquelles le groupe est plus important que l’individu). La culture Américaine est la plus individualiste du monde, alors que la culture Chinoise est l’une des plus collectivistes
Y a t il des marques d’attention à connaître sur ces deux cultures ?
V.S : Les besoins de ces deux cultures sont très différents et cela a forcément un impact sur la façon de recevoir ces deux nationalités. Plus généralement, dans toutes les cultures collectivistes, “la relation” est le point crucial à considérer. Il est important d’investir du temps dans le fait de créer une relation de confiance entre les interlocuteurs. Cela se crée par des moments conviviaux passés ensemble. Basiquement, un “collectiviste” (Algérien, Russe, Chinois, Mexicain, Japonais….) s’attend à ce que ses interlocuteurs aient organisé à son arrivée un repas collectif avec des cadeaux de bienvenue. Il s’attend à être pris en charge tout au long de son séjour, c’est pour lui une question de respect. Ces marques d’attentions le rassureront sur l’importance qu’il a aux yeux de son “hôte”.
Il faudra donc laisser une liberté de choix aux cultures individualistes ?
V.S : Oui, le groupe peut peser sur un individualiste. Alors que les cultures collectivistes ne font jamais rien seuls, l’individualiste a besoin de moments à lui pour se ressourcer. Accueillir un “individualiste” c’est lui laisser la liberté de choisir ce qu’il souhaite faire, lui laisser des plages horaires libres, lui donner des conseils pour profiter d’un lieu sans avoir à suivre un groupe par exemple.
“Plus une culture est ritualisée, plus les “petites attentions” feront la différence lors de l’accueil”
Y a-t-il des cultures plus ritualisées que d’autres et où l’attention doit être plus poussée
V.S : Plus une culture est ritualisée (ex : le Japon), plus le risque d’impairs est important. Inversement, moins la culture est ritualisée (ex : les USA) moins le risque est important … Concrètement vos interlocuteurs n’attendent pas de vous des actes ou des paroles précises et seront donc beaucoup moins dans le jugement.
En somme, plus une culture est ritualisée, plus les “petites attentions” feront la différence lors de l’accueil.
Il n’y a donc pas de recette miracle pour bien recevoir ?
V.S : Il est rare aujourd’hui de se retrouver dans une situation binaire. De bonnes relations interculturelles sous-entendent un effort d’adaptation des deux parties. S’adapter peut s’avérer épuisant, cela demande une attention de chaque instant même si encore une fois, tout dépend du pays. Il sera, par exemple, beaucoup plus facile pour un français d’accueillir un Belge (culture la plus proche de la culture Française) que d’accueillir un Japonais.
Propos recueillis par Ava Eschwege